2021 - 2022 : Femmes disparues et cagibi
1 – Portraits de femmes d’Amérique latine – 11 – 22 octobre 2021
Gabrielle Gonzalez, responsable de l’Association ThéVida, était venue me voir à la fin de l’année 2019 avec deux jeunes femmes de son association, afin de regarder et de sélectionner les dessins et peintures autour du Brésil qui allaient être exposés en mars 2020 à la Maison des Relation Internationales, en compagnie des œuvres de Jacques Loustal. Un peu plus d’un plus tard, le 7 mai 2021, Gabrielle m’écrit : « Lorsque nous étions venues te voir avec Léa et Muriel en décembre 2019, nous étions très intéressées par les portraits de femmes brésiliennes que tu avais faits, notamment un portrait de Marielle Franco, tellement fort! Hier soir, nous avons donc planché sur la programmation de la 14e édition des VidaFestiv qui se déroulera à la MRI du 11 au 22 octobre 2021 et je souhaitais savoir si tu étais toujours intéressé pour faire partie de la programmation très féminine de cette manifestation ? »
Et c’est ainsi que j’allais participer de nouveau à une exposition organisée par ThéaVida, cette fois-ci avec quatre autres artistes : Martha Arango, mexicaine qui compose des fort jolis tableaux selon un tradition de sa région natale de collages de fils avec de la cire d’abeille, Zaida gonzalez Rios, chilienne auteure de photographies peintes pleines d’esprits, Yojani Perez, cubain – photographie en noir et blanc, et Stéphanie Ledoux française qui a fait des portraits de femmes colombiennes en aquarelle et graphite.
Entre l’exposition de mars 2018, où j’avais présenté mon « hommage à Marielle Franco » à la Maison pour Tous G. Sand, et ce nouvel événement annoncé en octobre 2021, j’avais vendu le tableau que Gabrielle nommait, de mémoire, « portrait de Marielle Franco », mais qui était en fait un « hommage » à cette femme assassinée. L’ami acheteur prêta volontiers le tableau pour l’exposition. C’est alors qu’en revoyant ce tableau qui n’était plus chez moi et en refaisant l’historique de cette œuvre pour préparer son accrochage, à l’automne 2021, je me rendis compte de la coïncidence de date entre le décès de Marielle Franco et l’apparition de ce tableau qui lui rend hommage. Cette œuvre, que j’avais sentie différente des autres, avait en effet été terminée le jour de la mort de la militante féministe.
Avec Gabrielle nous étions d’accord pour exposer à côté de l’hommage à Marielle Franco les portraits de femmes disparues que j’avais déjà présentés dans des différents lieux à partir de 2016. Je décidais de peindre, pour cette exposition, trois autres portraits de trois autres femmes martyrisées par la dictature militaire qui a sévi au Brésil de 1964 à 1985. En tout, il y aurait six portraits de cinq femmes, l’une d’elles ayant été figurée deux fois par deux tableaux.
Réalisés selon une technique similaire – tracés à l’encre et surfaces à l’encre de Chine sur deux les faces d’un celluloïd et couleur acrylique sur le verso du support – les trois portraits plus récents abandonnaient « les masses noires et unies au profit d’ombres à peines esquissées, crayon pastel sur papier bambou. Comme si je souhaitais alléger la tragédie et l’horreur subies par ces jeunes femmes. »
Le vernissage, de l’exposition, du fait des mesures sanitaires, fut désertique, malgré la prestation musicale d’un duo d’une chanteuse et d’un pianiste mexicains très professionnels dont je n’ai hélas pas gardé le nom.
2 – Photos aux caves d’Antigone – 14 au 23 Octobre 2021
En cette presque fin de pandémie et toujours tributaire du yoyo des mesures sanitaires qui ouvrent, ferment, entrouvrent, referment les possibilités d’exhibitions et de rencontres, Raphaël Pignol m’offre la belle opportunité de présenter quelques clichés numériques du futur livre « Photos tirées d’un cagibi » dans sa cave à vins à Antigone, au cœur de Montpellier. L’exposition de 8 photos encadrée, savamment disposées parmi les belles bouteilles de la cave, s’y tient du 14 au 23 octobre
Le vernissage, est l’occasion de déguster quelques délicieux vins de la cave et de retrouver des amis, des connaissances, sur le trottoir, en fin de journée, le jeudi 21 octobre. La souscription pour financer la réalisation du livre reçoit encore quelques soutiens à cette occasion. Et le moment partagé restera dans les beaux souvenirs : « à travers ces photos sorties de l’oubli, quarante ans après, par delà le temps qui passe, par delà les générations, c’est ce qui vit et renait sans cesse en nous qui surgit... »
3 – Photos tirées du cagibi – 17 décembre 2021 – 5 janvier 2022
L’éternel recommencement : l’exposition s’est tenue du 17 décembre 2021 au 5 janvier 2022, à la Maison pour Tous Mélina Mercouri, à Montpellier. Sur les murs, des tirages argentiques ou des retirages numériques de photos retrouvées après un sommeil de longues années : quand je prépare activement ma retraite à la fin 2017, je recherche des fiches de paie et des attestations de travail, voilà que je retrouve dans mes placards des anciens tirages argentiques noir et blancs. J’avais réalisés ces clichés dans le cagibi aménagé en labo photo noir et blanc de mon deux-pièces parisien, de 1977 à 1983. C’était une époque charnière, je venais de laisser tomber le journalisme et la politique et je me lançais dans la réalisation de films d’animation. Après avoir montré ces 150 photos âgées de 40 années à mes proches et au vu de l’intérêt qu’elles suscitaient, je décidais d’en faire un livre. Cette fois il n’y aurait que du texte et des photos noir et blancs, je renonçais à produire un nouvel album musical. Nous sortions en effet à peine des confinements et carcans sanitaires successifs, je ne me sentais pas la force ni la possibilité de réunir une somme suffisante au milieu de toutes ces contraintes pour payer les cachets des musiciens, le studio, les droits de reproduction, etc…. Je lançais toutefois une souscription, qui eut beaucoup de mal à aboutir, contrairement aux autres, et alors que la somme requise était plus modeste que les fonds nécessaires aux deux précédents livres. L’impression du livre sera également problématique, l’imprimeur polonais qui avait fait du si joli travail pour des livres que je lui avais confié précédemment en tant que maquettiste, m’envoya un BAT d’un gris déprimant, et ne sut me proposer aucune solution. Mondial livre à Nîmes, qui avait déjà imprimé deux de mes ouvrages, mais sans reliure, me proposa un résultat acceptable. De fait, j’avais largement sous-estimé la difficulté d’imprimer des photos en noir et blanc… Car contrairement à ce que je pensais, c’est une affaire bien plus compliquée que l’impression d’ouvrages couleur…
Pour l’exposition elle-même, Je fis faire des tirages numériques à un petit labo de Montpellier, Positif Lab, et le résultat était soigné et très agréable. L’exposition était réussie. Elle mélangeait les deux types de tirages. Ceux de l’époque qui bien conservés, argentiques, et les tirages numériques, qui ont permis de restituer des clichés abimés et recadrés…
A l’occasion de cette exposition, Sophie Gaudin, directrice la maison pour tous Mélina Mercouri, me donna « Carte blanche » pour une soirée littéraire le 17 décembre 2021. Je décidais de préparer avec Sonia Bessa, son pianiste Noël Letertre et quatre auteurs amis (Julien Brun, Marc Ely, Jacqueline Lou Pâris, Simone Rivier), une lecture musicale sur le thème de la métamorphose et de la renaissance. Le spectacle reprenait de larges extraits de mon livre de photos, mais aussi des passages des livres des auteurs amis et d’autres citations. Avec tous ces textes, de la musique instrumentale piano et flûte et des chansons portées par Sonia Bessa, j’ai assemblé le déroulé de cette représentation.
Le public était encore masqué, la jauge est limitée pour raisons sanitaires, mais, de l’avis de tous, ce fut une très belle soirée, qu’on n’oubliera pas.
Le vernissage et sa lecture musicale
Quelques photos de l'exposition