Oiseaux de capharnaüm

« Le toucan » qui voulait un sandwich au jambon » ©Paul Coudsi 1997 – 2022

Alexandre Vialatte, ce singulier écrivain dont je n’en finis pas de lire et relire les ouvrages, fait un descriptif pointilleux et finement observateur des oiseaux attachés à nos mois de l’année. Et plus singulièrement les oiseaux qui se manifestent au cours des mois auvergnats.

Dans « L’oiseau du mois » de l’auteur (Editions le Dilletante), je suis surpris de découvrir que l’oiseau du mois de juillet est un « oiseau de malheur » dont le « cri ressemble au braiment de l’albatros et de l’âne sauvage de Turquie ». (…) « Son plumage noir,…, son œil féroce, son bec crochu et ses caroncules d’un rose mauve, lui donnent l’apparence d’une vieille dame complètement écœurée par ses contemporains ».

Vialatte, grand parcoureur des prodiges littéraires, nous apprends que le grand Cocteau avait non seulement une amie russe du nom de Misia, mais aussi une doublesse brésilienne, prénommée Missia. (Avec deux S cette fois, pour les inattentifs trop pressés pour prendre le temps de compter les lettres). La dite Missia nous raconte l’auteur avait un oiseau de malheur  qui ressemblait à un perroquet et « qui se réveillait tous les six mois pour lui dire, d’une voix caverneuse : « Ça n’en vaut vraiment pas la peine. » Image parfaite et contagieuse du découragement brésilien. »

« Le toucan » qui voulait un sandwich au jambon » ©Paul Coudsi 1997 – 2022

 

Le lecteur peut se poser la question de savoir que vient faire cet oiseau de malheur, (que j’invite chacun à découvrir – avec bonheur – dans le livre d’Alexandre Vialatte), sur mon site capharnaüm surplombé de l’image d’un ouistiti brésilien brandissant un sandwich au jambon.  Et bien, en plus du fait que j’écris ici un 23 juillet 2022, et que du coup je consulte l’oiseau du moi de juillet d’Alexandre Vialatte, pas l’Alexandre qui a mordu Mirza, suivez le fil, j’ai eu soudain l’envie soudaine de me rendre intéressant en parlant à mes lecteurs de tous poils et toutes plumes de mon oiseau du mois, qui lui se trouve être évidement brésilien et contrairement à  celui de Vialatte absolument entêté et jamais découragé :  j’ai nommé le « Toucan qui voulait un sandwich au jambon ». Et qui dérangea toute la forêt tropicale pour en obtenir un.

 

« Le toucan » qui voulait un sandwich au jambon » ©Paul Coudsi 1997 – 2022

 

L’histoire m’a été inspirée par un vrai toucan venu me réclamer un sandwich alors que nous piqueniquions, au Parque da Cidade  en 1994, sur les hauteurs de Niteroi, en face de Rio. J’ai peint quelques illustrations acryliques pour ce conte dont j’ai aussi imaginé une version comédie musicale. Et j’en fais la retape ici, comme on jette une bouteille à la mer. Des fois que le flacon traverserait les Océans et pécherait un éditeur de livres tombé à l’eau depuis d’un grand paquebot de croisière, fuyant justement un oiseau de malheur déguisé en perroquet vert de cabine, à moins que cette bouteille aventureuse ait réussi à captiver un producteur de film d'animation adepte des traversées solitaires de l’Atlantique à la godille…

« Le toucan » qui voulait un sandwich au jambon » ©Paul Coudsi 1997 – 2022

 

La vie est faite d’imprévus, je me garde d’imaginer réussir la plupart de mes projets imaginatifs et surprenants,  je ne gagne jamais à la loterie des projets, mais il arrive parfois qu’à force d’entêtement sans fin je réussisse à faire aboutir une des trop nombreuses idées qui ont pu surgir dans mon imagination quelque peu dévastatrice…

Voici donc quelques images de ce toucan qui voulait un sandwich, je ne raconterai l’histoire que contre un gros chèque, j’accepte aussi les virements.

Montpellier le 23 juillet 2022

« Le toucan » qui voulait un sandwich au jambon » ©Paul Coudsi 1997 – 2022

 

Publié par Paul