Anachronique
Je viens de faire une découverte. Me concernant. J’avais de plus en plus de mal ces derniers temps à me situer dans cette « époque » qui ressemble de plus en plus - en surface - (oui j’ai bien dit en surface), selon moi, à une atomisation accélérée et centrifugée de toute pensée ou émotion, affects, réfléchis, sincères et cohérents. Je me voyais tomber malgré des efforts désespérés (et désespérants) dans l’infâme catégorie des « has been », faute de rentrer dans l’abominable danse de Saint Guy giratoire, digitale et désintégrante de l’absence de plus en plus agitée et routinière de toute vie intérieure.
Et bien non !
Je viens de me rendre compte que je n’étais pas « has been ». Je suis « anachronique » ! Hors du temps, la moitié du temps. Ce qui géométriquement parlant est une prouesse digne d'Euclide, Héraclite et Einstein ! Et j’en suis ébahi de ravissement. Cette découverte me vient de l’obstination que j’ai ces derniers temps à faire des petits dessins aux crayons de couleurs, pour un prochain film d’animation. Après être rentré dans la catégorie des « pionniers » de l’image numérique, de la modélisation et de l’animation par ordinateur, voilà t’y pas que je m’auto baptise « Anachronique ».
Je connais des « anarchistes » qui ne sont pas des amoureux des gaz de schistes ou des étrangers à tout schisme. C’est dans le refus de « l’Arche », du « pont » symboles du pouvoir, au départ de ce qui relie la vie sensible et celle de l’esprit, du pont sacré entre la « masse humaine » et ses princes de l’Eglise, puis de l’Etat, que se situent les anarchiste, à l’origine… Je ne connais aucun analphabète parmi mes proches et je m’interrogeais sur la définition des « anachorètes », que je pris d’abord pour des petits singes, avant d’apprendre que c’étaient des ermites plutôt religieux.
Ce n’est pas mon cas. Ni singe (en tout cas pas plus que chacun), ni ermite pas vraiment et religieux, encore mois
Anachronique, hors du temps, ne doit pas prendre cette connotation péjorative de « dépassé », « vieillot » qu’on lui attribue à tort. L’époque est ignare. Je suis « anachronique », parce que je ne colle à ce fichu temps présent, qu’on décore aujourd’hui de ces merveilleux oripeaux qui feraient peur à un épouvantail. Je sors du temps. Avec un bonheur fou. Et ce depuis que je dessine, écrit et réalise (en y mettant un temps fou) des petits films image par image.
Quel bonheur ! Quel plaisir fou de me découvrir ainsi, anachronique !
"C'est bien", encre sur cahier Canson relié, Paul Coudsi le 27 mai 2024