Trois petits dessins à l'encre du 28 juin 2022
Il est intéressant de constater, pour moi en tout cas, qu'il faut à beaucoup de mes petits dessins trainer au moins deux à trois ans dans leurs cahiers reliés où je les dépose, les gribouille ou les barbouille entre les lignes d'un journal parfois quotidien, pour qu'ils se sentent présentables. Passé ce délai ils n'ont généralement plus honte de se montrer. Même si certains se croient, à peine gribouillés, tout de suite excellemment montrables, ce ne sont pas toujours ceux qui se conservent le mieux. En tout ca, j'ai plus de plaisir et de tranquillité à montrer des suites de petits traits noirs et de parfois de couleurs qui sont resté cachés à l'abri de toute lumière des mois durant, quand ce ne sont pas des années… et pas encore des siècles (pour certains le demi siècle a été franchi, manque plus que la médaille !). Me dépêcher à les afficher quand ils ne sont pas encore moulinés par l'ombre prolongée d'une cachette... me parait quelque peu exagérément… ostentatoire…
Et il faudrait d’ailleurs pour me mettre à publier sans attendre tout ce qui me passe sous l’encreur, les crayons, les pinceaux, etc, , croire qu’il est indispensable que je me dépêche de ramener ma fraise à tout propos, et ainsi céder à cette machine, que dis-je à cette mécanique de transparence normative alourdie de sens prêts à porter, ingénierie toujours pressée. Certainement qu’ainsi je pourrais être effectivement estampillé … «Artisssse»…
Bien heureusement, mes petits dessins me l’interdisent… Ils résistent opiniâtrement…
Franchement, entre nous…. Vous vous rendez compte ? « Artissse » ? Je serais obligé de ressembler à ce que je montre, ce que je montre devrait ressembler à ce que je fais, et ce que je dis devrait ressembler à ce que j’imagine devoir paraitre, la suite je ne sais plus…. C’est vraiment trop compliqué ! Bientôt trois quart de siècle et j’ai réussi à passer à travers. Je l’ai échappé belle!
Paul Coudsi, 2 dessins à l'encre du 22 juin 2022