Animation 3d

L’aventure de l’animation 3d

Je présente ici mes souvenirs du tournage du petit film « Stylo », en tentant une mise en perspective de ce petit événement dans l’histoire de la 3D en 1988, chronique de rencontres et de passion… C’est mon témoignage

L’actrice Anémone en 3D – 1983

L’aventure vient de loin

Les prémisses de cette réalisation surgie en 1988 dans le monde des images de synthèse remontent à la fin des années 70. A cette époque, il y a une bande de docteurs fous du trucage et effets spéciaux sur plateau, spécialisés dans le film publicitaire, qui ont décidé d’apprivoiser un banc de reproduction photo avec des moteurs pas à pas pilotés par des programmes enregistrés sur mini cassette, eux même interfacés avec des circuits imprimés fabriqués à la main, notamment par un certain Daniel Borenstein, auteur de musique contemporaine. Et il y a moi, Paul Coudsi, qui passe par là, encore  jeune et autodidacte venu du journalisme décidé à me lancer dans la réalisation de films d’animation, je cherche un lieu où me poser et faire mes premières armes. Adopté par l’équipe, ils sont 5 et se sont surnommés Camé 5, je participe aux tournages et apprend sur les tas les « trucs » des trucages, tandis qu’avec Alain Breuvard, Daniel développe un banc-titre robotisé artisanal.

Fin 1979, je pars sur le tournage du « Chainon manquant », long métrage de Picha, connu à l’époque pour avoir déjà réalisé »le Chaînon manquant ». Je suis embauché au poste de la « vérification », ou « checking », piloté notamment par un certain Christophe Vallaux que nous retrouverons plus tard…. Ensuite, je me lance dans la réalisation de mon premier film, « Nuit », court métrage 35 mm qui sortira au printemps 1982

Deuxième épisode

La rencontre avec Daniel Borenstein au début 1979 laisse des traces puisqu’au printemps 1983, Daniel m’appelle. Installé dans un cimetière d’ordinateurs, ce sont les locaux de  l’entreprise américaine Damecom en cessation d’activité, Daniel Borenstein veut modéliser en 3D l’actrice Anémone, pour une production de M Jacques Dorfman et un film dans lequel elle ne tournera finalement pas, « l’Unique » de Jérôme Diamant Berger. Je fais donc photographier l’actrice par 4 photographes aux 4 coins cardinaux orthonormés et en simultané, et je reporte avec mon agrandisseur photo les côtes cartographiques de l’actrice sur papier millimétré. Puis en 3D, dans le programme développé par Daniel, je fabrique un volume, triangle par triangle, polygone par polygone. Anémone a  sa statue en 3D ! C’est une chose extraordinaire ! Mais finalement l’actrice ne tournera pas le film, c’est Julia Migenes qui jouera à sa place, et Christian Guillon  qui supervisait les effets spéciaux pour la production, nous plante là, sans un sou pour notre labeur, et part travailler avec l’entreprise Sogitec.

Avant cette deuxième rencontre, techniquement et artistiquement passionnante, car elle fut pour moi l’occasion de découvrir de nouvelles techniques graphiques et plastiques, et financièrement désastreuse, j’avais réalisé mon premier film d’animation en 35 mm, « Nuit », produit par le Grec et l’INA.  A l’INA, Bry-sur-Marne, mon premier  film avance lentement. C’est un court métrage d’animation  expérimental, avec des incrustations reprenant le système de projection frontale d’Henri Alekan, chef opérateur notamment de Renoir, Cocteau, Losey, Ruiz, Venders….  etc. Pendant cette période, j’ai fait connaissance avec Jean-Charles Hourcade, jeune (et grand de taille) polytechnicien responsable de l’équipe de la « Recherche Image » de l’INA .

Le tournage a duré presque 3 ans. Entre 1979 et 1982. La fin du court métrage  a été filmée avec le nouveau  banc-titre des anciens de l’équipe CAME 5, rebaptisée ACMÉ films, installée dans de nouveau locaux rue Paul Fort, tout près de la Porte d’Orléans.

Quand survient l’ épisode de la modélisation d’Anémone, mon premier film « Nuit » est terminé.  Je présente Daniel à Jean-Charles Hourcade. Ce dernier découvre la statue 3D de l’actrice, il est impressionné. Daniel rejoint  peu de temps après l’équipe de la « Recherche image » à l’INA.

C’est la fin du deuxième épisode.

Troisième épisode

Nous voilà en 1984, j’ai émigré à Montpellier, où je travaille dans des conditions merveilleuses, pour une petite structure vidéo départementale dans laquelle j’anime « l’atelier de nouvelles images » avec des outils simples et reposants. J’ai réalisé un deuxième petit film, les aventures de « Tintin à Montpellier », en vidéo Umatic banc-titre et graph8 (outil de la société Xcom), le film connait son petit succès et la vie à Montpellier est nettement plus agréable qu’a Paris. Daniel travaille toujours à l’INA. Il m’invite à suivre un stage de 3D qu’il organise à l’INA. Tous frais et temps de travail payés pour moi, je me libère sans problème et je découvre à Bry sur Marne le temps du stage comment l’application développée pour la modélisation d’Anémone a évolué. Notamment avec une caméra mobile. Daniel qui n’a visiblement par la fibre pédagogique est par ailleurs ravi de me sacrer d’office animateur du stage, je connais déjà bien les fondements de l’outil.

Début 1985 je suis invité au nouveau salon des images de synthèse à Monte Carlo, « Imagina ». Début 1987 je termine deux petits films d’auteur avec le producteur  de films d’animation La Fabrique, installé dans les Cévennes, près de Montpellier. « Portraits », courts métrages 35 mm, filmé à partir de dessins sur cellulos, papier avec gouaches et crayons pastels. Distribution Canal +.

Fin du troisième épisode.

Printemps 1987, l’aventure du stylo commence.

Daniel Borenstein me parle au téléphone d’un nouveau projet. Depuis notre dernière rencontre, toute l’équipe de la « Recherche image » de l’INA est passée chez Thomson Digital Images avec armes et bagages. Jean Charles Hourcade, directeur du département Logiciels et Systèmes, supervise l’équipe qui développe notamment le  logiciel Explore, sur mini ordinateur Silicon Graphics.  Daniel travaille aussi à TDI, en électron libre comme responsable du Développement.

Il faut ici faire une pause dans le récit et relater notre état d’esprit commun de l’époque. Les images de synthèse se développent dans le pays, mais Daniel et moi sommes d’accord, l’outil révèle des potentialités inexploitées, qui plus est il y a pour nous un contresens dans la valorisation de cette nouvelle technique. On vante partout l’outil comme un joujou extra, une boite magique, or il faut des compétences, des savoir faire, des énergies pour que ses outils servent les projets et non pas l’inverse.

Faire une vraie fiction et un vrai film de cinéma, qui fasse table rase de toutes les démos agitées de la 3D de l’époque, relever le défi du merveilleux « Luxo Junior » de John Lasseter, tel fut le pari dans lequel nous avons décidé de nous lancer, Daniel Borenstein et moi, au printemps 1987.

Il y avait, partagée entre nous deux, la volonté de remettre les pendules à l’heure au sujet du statut de la 3D de l’époque. Nous voulions valoriser la 3D comme un véritable outil de cinéma, et nous en avions par-dessus la tête de voir cette toute nouvelle technique présentée la plupart du temps comme une relique religieuse moderniste d’une informatique imaginaire extralucide et toute puissante.

 

Première étude pour le stylo : simulation en pâte à modeler, © photo Paul Coudsi 1987

 

Je fais un premier story board du film, Daniel peaufine l’aspect technique du projet. Mais contrairement à ses espoirs, il ne réussit pas à entrainer dans ce projet le secteur de la production images de TDI, dirigé il me semble par Hervé Loiseau  à l’époque. Je ne travaillerai pas à TDI. Je serai à Joinville-le-Pont. Daniel et moi échangeront des données par  coursier, entre Paris 17ème et les bords de la Marne… S’agissait-il de  Pascal Bap, Lionel Fages, Hervé Loizeau ou Christian Foucher, je peux me tromper, en tout cas on ne veut pas du projet de Daniel à la direction de la production images. On ne veut pas le produire. Daniel rencontre alors Georges Pansu, patron d’Eurocitel, où Alain Leroy, surnommé Aramis, un des anciens de Camé 5 et Acmé films, développe une pratique de tournage et trucage sur plateau. Eurocitel est installé à Joinville le Pont, porté par une équipe de merveilleux technicien, truqueurs, banc titreurs, les studios sont voisins des laboratoires GTC, c’est un lieu empli de l’histoire vivante du cinéma.

C’est Eurocitel qui produira le film. Avec l’appui du CNC. Daniel a une tolérance de deux mois, pas plus, pour travailler sur ce film, à l’intérieur de TDI. Il a l’appui total de Jean-Charles Hourcade, et la réticence qui s’avérera de plus en plus vive  de la part des responsables de la production d’images.

 

Sur papier milimitré, étude pour l’animation avec le logiciel « Sketch » de Daniel Borenstein, dessin ©Paul Coudsi 1987

 

Au printemps 1987, Daniel vient à Montpellier, il voit mes derniers petits films, nous mettons d’accord sur le scénario définitif du film, ce sera un hommage à Fred Astaire, qui vient de mourir, avec un stylo à plume, le PDG de TDI est marié avec Madame Waterman

Je signe un contrat avec Eurocitel. Nous serons deux réalisateurs. C’est une véritable équipe de cinéma qui va se mobiliser pour le film : le directeur de la photographie sera Alain Le Roy, les bruitages seront de Pierre Lelong, la musique de Sylvain Kassap, la prise de vue, avec une vielle caméra 35 mm de 1905, griffe contre griffe, reconditionnée et pilotée par moteurs pas à pas, filmant en 3 prises par images un écran plat avec 3 filtres étalonnés, rouge, vert et bleu, est pilotée par François Vagnon et Alain Leroy. Nous aurons au montage l’excellente et expérimentée Jacqueline Fouchet, au son Michel Notte, Francis Warnier… Toute l’équipe d’Eurocitel sera aux petits soins autour du projet. Ainsi que les techniciens de GTC.

Je travaille à Joinville-le-Pont et Daniel à TDi, rue Hégésipe Moreau, dans le 17ème à Paris. J’ai à ma disposition une silicon graphics sur lequel est installé le programme de Daniel :  Sketch.  J’ai modélisé le stylo, le décor, la lampe (l’original a été acheté aux puces à Montpellier, et j’ai toujours un vieil encrier Waterman), Daniel s’occupera de l’éclairage et des rendus. Pour animer le stylo, j’utilise une spline, un fil 3D, que j’anime dans l’espace grâce à plusieurs poignées de tension. Nous positionnerons les caméras avec Alain Leroy.  Au préalable, j’ai animé sur papier des dessins au crayon, ce sont mes linetests, tournés en vidéos. J’ai photographié un décor avec ma lampe et l’encrier, joué avec un stylo en pâte à modeler, dessiné un deuxième story-board…

 

 

Lintetests préparatoires pour l’animation du stylo, dessin ©Paul Coudsi

Les premiers essais à Joinville sont passionnants, mais notre stylo a un souci, il est incapable de regarder à droite ou à gauche quand il se déplace, notre petit personnage a un regard fixe, toujours dans la même direction.

Je demande à Daniel de résoudre le problème et je repars en attendant à Montpellier. Je continue mes tests d’animation en 2D. Trois semaines plus tard, l’outil est enfin prêt. Retour à Joinville. Mon travail consiste à animer plan par plan le personnage. Je sais ce que j’ai à faire. Nous avons défini très précisément les déplacements et les actions du stylo et j’ai « senti » déjà la personnalité du héros de notre film en l’animant sur papier. Avec l’outil de Daniel,  je me régale à lui donner vie en 3D. L’outil interpole l’animation entre les positions clés. Mais je suis très libre.  Sketch a une extraordinaire souplesse d’utilisation. Je n’ai jamais plus eu la possibilité d’animer un personnage en 3D avec cette malléabilité et cette intuitivité.  A vrai dire, dans certains plans, par exemple au moment ou le stylo essuie sa plume sur le rebord de l’encrier c’est parfois pratiquement de l’animation image par image que je réalise.

 

 

« Pelure » d’un plan du stylo

Revers de la médaille, je suis obligé par contre de tripatouiller régulièrement une bouillie de code rébarbative dans un éditeur « Emacs » entre chaque moment d’animation…

Le « tournage » du Stylo aura duré un peu plus de 4 mois. Les premiers rushes, visionnés dans la salle de projection de GTC, sont magiques.  On sent qu’on touche quelque chose d’extraordinaire.  A TDI, dans l’équipe du développement c’est l’enthousiasme. Par contre, la direction de la production image veut interdire à Daniel de continuer à travailler sur le projet.

C’est une passion véritable qui nous a permis de passer les embûches en pagaille de la fabrication de ce petit film de 2 minutes. La plupart des obstacles fut technique. Mais il faut relater ici l’opposition farouche de la direction de la production d’images à TDI. qui interdit à Daniel au bout de deux mois de continuer à travailler sur ce film, tandis qu’ au sein de TDI l’équipe de développement systèmes et logiciels se mobilise de plus en plus.

Daniel tiendra bon. Et il faudra que le PDG Jean-Daniel Pigasse, passant un jour dans son bureau, découvre un des derniers  plans du « Stylo » en train de se calculer, convoque le responsable de la production d’images, lui demande des explications, son interlocuteur criant aux grands dieux qu’il a tout fait pour l’interdire et Jean-Daniel Pigasse s’exclamant aux grands dieux qu’au contraire, il est grand temps que TDI produise ce petit bijou qui se fabrique chez lui.

Le PDG prit alors son plus beau téléphone et appela de la manière la plus amicale Georges Pansu, le patron d’Eurocitel, pour établir les conditions d’une coproduction. D’autant plus aisément que la moitié de l’équipe de TDI travaillait passionnément sur le produit…

Cet aspect de l’histoire de la production est loin d’être anecdotique. Il explique pourquoi ultérieurement, malgré son succès mondial, ce film n’a pas permis de développer un véritable pôle innovant d’images de synthèse à l’époque, en s’appuyant sur la somme des compétences et de passion réunies autour de ce projet, comme on aurait pu l’imaginer. Mais je vais y revenir…

C’était la fin du tournage. Thomson allait appuyer à fond le film, qui remporta des prix et des félicitations dans le monde entier. Le film a fait un tabac. Nous nous n’attendions pas à ce succès…

Il nous valu à Daniel et moi, ainsi qu’à Georges Pansu, un théière en papier mâché, qui se désintégra en deux ans, les félicitations de David S. Inglish, alors Manager Animation Technology, chez Walt Disney Pictures, une somme d’argent non négligeable du Nikkograph (grand prix à Tokyo), des interview et des articles et le grand prix Imagina 1988. Gaumont décida de diffuser le court métrage avant « l’Étudiante » de Claude Pinoteau, avec Sophie Marceau.  Ironie du sort, je partais en voiture à Monte Carlo, dans la voiture de Jérôme Diamant Berger, lui qui fit le film « l’Unique », pour lequel Daniel et moi avion travaillé « inutilement » et sans avoir été payé, à la modélisation de l’actrice Anémone… La voiture de Jérôme Diamant Berger tomba en panne tout près de l’arrivée à l’hôtel, dans mon souvenir deux cardans se brisèrent.. Mais nous arrivâmes à bon port et à temps au festival.

Le défi  que nous nous étions lancés, Daniel Borenstein et moi, au printemps 1987, de faire une vraie fiction et un vrai film de cinéma, était couronné de succès. Ce film de 2 minutes, a pris plus de 4 mois de travail sur des gros ordinateurs de l’époque, avec l’ outil original d’animation 3D développés par Daniel « Sketch » et a été filmé en 35 mm, grâce à une technique de prise de vue expérimentale qui allait ensuite faire école.« Stylo », réalisation Daniel Borenstein et Paul Coudsi, production Eurocitel TDI, 1988. Il avait mobilisé trois équipes venues d’Eurocitel, Excalibur et Thomson digital image dans sa partie développement des outils.

La suite

Ma première réaction, avant même que soit passée la déferlante d’honneurs, de diffusions aux quatre coins de la planète et sur toutes sortes de supports, fut de retourner dans mon pays d’adoption et de respirer l’air du Languedoc. Daniel me proposa quelques mois plus tard, un jour que j’étais repassé à Paris, de recommencer l’expérience cette fois avec un tube de dentifrice. Je n’étais pas convaincu de reprendre ce nouveau « filon » un peu trop ressemblant. Daniel n’insista pas.

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Votre serviteur en 1990 en préparation du film « Réveil »

Plus édifiante fut la proposition de Pascal Bap, qui me présenta  à réaliser un film publicitaire pour les chaussures Eram, avec TDI : rapidement, je constatais avec effarement que l’équipe qui m’avait invité à réaliser cette animation, mettait comme condition que je renonce à collaborer avec Daniel. Ce qui pour moi était un non sens. On ne démantèle pas une équipe qui gagne. Je mesurais alors le niveau de rancœur, jalousie ou rivalité qui pouvait exister dans la direction de l’équipe de production d’images de TDI, qui avait été désavouée par les faits, mais restait mauvaise perdante.  J’ai donc refusé le projet.

Daniel avait certes un fichu caractère. Il avait toutefois du génie. Il pouvait être très insupportable. Il pouvait irriter son interlocuteur, être blessant.  Il n’était pas inutile de savoir lui tenir tête le moment venu. Mais comme moi, c’était quelqu’un de décidé, avec qui on pouvait parler franchement et s’entendre.

C’est Daniel qui fut à l’initiative de ce film. Sans son entêtement, son fichu caractère, le film n’aurait pas existé.

Avec Eurocitel en 1990, invité par Georges Pansu et Alain Leroy patron d’Excalibur, je recommençais une très belle expérience :  « Le Réveil », film en 3D incrusté dans une prise de vue réelle. L’équipe d’Excalibur, dirigée par Alain Leroy, avait mis en place des outils de pilotage d’un tout nouveau motion control sur plateau, interfacés avec l’outil d’animation de Daniel, amélioré.  Je trouve personnellement ce petit film encore plus réussi que le stylo, même s’il n’a pas eu le même succès. Cette fois, je réussissais a donner une « gravité », un poids physique, au personnage, chose à laquelle je n’étais pas entièrement parvenu dans le stylo, notamment dans la danse finale du personnage, qui glisse sur le sol sans poids. Daniel assura selon son souhait  le rôle de conseiller technique, assisté de Hubert Fourneaux. Le film bénéficia du savoir technique des merveilleux techniciens : ceux d’Excalibur dirigés par Alain Leroy, et notamment Hubert Fourneaux François Vagnon, et ceux du trucage d’Eurocitel, Christian Angé et Djibrill Kane. Avec le soutien du CNC .

En 1989, je retravaillerai avec Daniel, à Ex-Machina, anciennement TDI, pour la fabrication et l’animation d’un minotaure en traits de pinceaux couleurs 3D, dansant le tango avec une superbe dame à la peau noire, nue, courte séquence destinée au spectacle de Michel Jaffrenou à la Grande Halle de la Villette, « Ariane et le minotaure ».

Un projet de série TV, avec des petits  trombones farceurs sur un bureau, dont j’avais eu l’idée, défendu par Georges Pansu, dont je devais assurer la réalisation, échoua. Il me manquait un développement logiciel spécifique, et Daniel ne voulut pas en être. J’avais besoin que les petits trombones de bureaux puissent se gonfler, devenir des trombones instruments de musique, et vivre toutes sortes de métamorphoses… Et il n’y avait personne à ce moment là pour remplacer Daniel. Georges Pansu ne voulait pas attendre de trouver l’ingénieur inventif et informaticien manquant. Il voulait démarrer quand même la série, parti trop vite dans le financement d’une idée qui l’avait séduite. C’était aller dans le mur. Je me retirais du projet après un pilote raté. Qui n’eut pas de suite.

Invité à réaliser une série animée TV pour enfants, Collipito Ripatalo, par un producteur de Montpellier, Média 6, je découvris que l’équipe technique avait préparé le travail, et déjà réalisé un joli générique d’ouverture chanté par Sonia Sala… avec un petit réveil en 3d… Le générique fut conservé intégralement.

Depuis je n’ai pas abandonné la 3D, mais je m’en sers  de manière toujours  artisanale. Je n’ai pas voulu travailler dans des productions importantes, un passage rapide et indigeste au studio Fantôme, un séjour sans suite chez Disney à Montreuil sur Soft images, une expérience catastrophique chez Vidéosystems, quelques films publicitaires réussis et bien ficelés pour Prince de Lu au Lait, BNP et les M&ms avec Yannick Noah, m’ont fatigué d’une certaine pratique… j’ai gardé le goût de toutes petites animations, avec ces derniers temps une prédilection pour un style papier découpé en 3D, et ce pour un clip en cours et un autre en préparation.

En marge de l’animation 3D, la réalisation de jeux vidéos en 3d, avec les contraintes spécifiques de ce type de produit a donné naissance également d’ autres aventures et d’autres médailles.

L’outil 3D reste pour moi un outil qui doit se plier au désir et au savoir faire du graphiste et de l’animateur, aux nécessités du projet.  Je lui demande une simplicité d’usage, une souplesse  comme celles du crayon et du pinceau. Je crains que cela ne soit désormais pas toujours le cas…

Paul Coudsi, le 19 octobre 2017 – Mis à jour le 20 septembre 2022

Publié par Paul